piètre retour...

Cela faisait des jours qu'il marchait. Il n'en avait même plus le compte.
Habillé de guenilles, la crasse lui collait à la peau, ces cheveux habituellement bien coiffé étaient long et hirsute. Il était pris de démangeaison, ces vieilles plaies s'étaient rouvertes. Il n'avait sur lui plus que son fidèle Katana, dernier vestige de sa vie passée ici à la forge du domaine. Bien sûr sa tête était pleine de souvenirs... Il n'avait qu'à fermer les yeux pour entendre son rire, pour sentir son parfum, sans oublier son autre grand ami. C'est sans doute ces derniers souvenir qu'il l'ont maintenu en vie jusqu'à présent...

Quand il vit apparaître le paisible domaine Aoki, il fut pris de soulagement, mais le reconnaîtraient-ils après ces long mois d'absence ? Voudront-ils encore de lui ?
Il faut dire qu'il s'en était passé des choses : la guerre, les blessures puis l'exile dans un temple haut perché... Où il fut plus rongé par la solitude qu'apaisé. Ce n'est qu'après des mois d'auto introspections qu'il en était venu à la conclusion que c'était avec eux qu'il voulait être. Mais c'était sans compter ces temps incertains et dangereux...
Laissé pour mort par des brigands sur les chemins, c'est avec grand peine qu'il réussit à trouver ces pas jusqu'ici.

La porte du domaine, enfin ! Tant de souffrances qui touchent à leurs fin ! Verrait-il enfin un endroit où il fait bon vivre, ou se reposer ?
Le souffle court et à bout de force, jingshu frappe de la poignée de son Katana sur cette porte prometteuse...
Mais rien ne se produit, sont-ils là ? Il frappe et re-frappe. C'est vrai qu'il commence à se faire tard. Tant pis, il attendra demain matin.

Il se loge alors contre cette porte et dans une quinte de toux, ferme les yeux à la recherche d'un peu de repos

Maya rêvait paisiblement auprès de son époux et ils avaient laissé entrouvert le panneau qui donnait sur l'Onsen si bien qu'elle appréciait le doux bruissement du vent léger sur l'eau.

Ce qu'elle apprécia nettement moins par contre c'est le toc toc sur le panneau intérieur qui la tira de ses rêveries. Son amour de mari et elle s'étaient couchés de bonne heure ce soir là, fatigués des heures de garde sur les remparts d'Imari.

Son époux s'étant endormi à poings fermés, elle décida de se lever, enfila son kimono bleu nuit et se retrouva face à face avec Mong zi qui n'omit pas de la saluer avant de parler bas, voyant son maitre endormi par dessus son épaule.

Maitresse Mayaki, un homme est là, au dehors. Il semble miséreux et mal en point et je l'aurais simplement nourri et logé dans la tour pour la nuit mais...

Mong Zi semblait hésité mais un regard vers Mayaki qui s'impatientait le fit continuer

J'ai l'impression Maitresse Mayaki qu'il s'agit de Jingshu san...

L'instant de surprise passé, Maya commença d'interroger le serviteur tout en chaussant ses zoris et en suivant Mong Zi.

La nuit était tombée depuis quelques longues minutes déjà et seul un croissant de lune et les lumières du jardin éclairaient leurs pas.

Le doute s'installa en elle...Jing revenu ? ici ? mais il l'aurait prévenu ! et elle était sûre parmi toutes les missives ces derniers temps de n'en avoir pas reçu de son ami.
Les souvenirs affluèrent et elle dut se retenir à Mong zi pour ne pas tomber
Jing n'était pas, ne pouvait pas être ce mendiant décrit par le serviteur

Cependant..et si c'était lui..? La guerre avait fait et faisait encore bien des ravages.

Sur cette pensée Maya allongea le pas, courant presque à la vue de la lourde porte du domaine.

Mong Zi et le gardien qui l'avait prévenu l'ouvrirent pour Maya.

L'indécision, l'incertitude s'emparèrent de Maya mais elle s'approcha du pauvre hère et de suite le reconnut. Il avait dû s'endormir car ne réagit pas à son approche.

Le coeur de Maya se mit à battre plus fort dans sa poitrine, ses membres à trembler, son souffle à manquer.

Enfin, enfin, son ami était de retour...enfin, après tous ces mois loin du domaine, loin d'elle il était là, devant ses yeux, après tous ses mois ou elle pensait qu'il l'avait oubliée...qu'il les avait oublié...

Elle s'approcha tout près, tapa doucement son épaule, ne pouvant s'empécher de caresser sa joue, crasseuse et recouverte de poils en tous sens. Ses longs cheveux tombaient sur ses épaules, ses habits étaient déchirés.

Que lui était il donc arrivé et pourquoi ? pourquoi ? par tous les kamis n'avait il pas pris contact avec eux ?

Jing était son ami le plus cher, celui de toujours, dès son arrivée à Imari.
Lui et Line Chan étaient si chers à ses yeux et à son coeur.

Il bougea et la tira de ses pensées. Maya lui adressa un large sourire en le voyant poser son regard sur elle

Elle lui murmura simplement

Bienvenu chez toi Jing...

Certaine qu'il lirait dans son regard tout le plaisir qu'elle avait de le revoir

Puis aidée de Mong Zi, elle l'aida à se rendre chez eux, ne pouvant attendre le lendemain pour prévenir son époux de ce retour.

Les questions qui traversaient sa tête, attendraient le lendemain

Jingshu s'était endormi tant bien que mal. Alors qu'il rêvait d'être entouré de gentil et doux petits Kamis, Jingshu sentit quelque chose d'agréable caresser sa joue. Savourant cette volupté, il finit par se rendre compte que cela était bien réel.

Il ouvrit ses yeux et resta bouche bée pendant un long instant. C'était bien Mayaki qui se tenait là, qui le regardait souriante.
Il sut à ce moment là qu'il était arrivé au bout de ses peines.

Jingshu n'eut pas besoin de parler. Il se leva, aidé de Mayaki et Mong Zi et les suivit, se laissant guider, ne pensant plus à rien.
A présent seule la paix l'habitait, il ne risquait plus rien, elle était là.